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  • Photo du rédacteurCendrine Escallier

Expérimenter le lâcher-prise


Cela fait quelques jours que je suis rentrée de mon stage intensif de Nidra yoga. J’aimerais partager avec vous une expérience de lâcher-prise face à nos résistances. Quand nous sommes bloqués face à nous-même, que nous n’y arrivons pas, qu’on a envie de quitter son siège de méditation (ou n’importe quelle situation), en hurlant qu’on y arrivera “jamais!”;).

Je me suis demandée ce que j'avais appris pendant ces 10 jours intensifs (levée 6h30, après avoir peu dormi, puis méditation et exercices de concentration et autres, toute la journée, arrêt entre 21h et 23h) de Nidra yoga.

Certains se demanderont peut-être pourquoi un tel rythme, et comme c'est lié à ma réponse, je vais donner une clé: pour briser les résistances psychologiques, les barrières que nous élevons pour nous protéger, mais qui peu à peu deviennent des habitudes, et se transforment en limite à notre développement.

Ce que j'ai appris (encore une fois, encore un peu plus;)) c'est à côtoyer ces limites, à les observer, à essayer de les dissoudre. A voir que chaque limite n'est qu'un seuil, pas un gouffre (!), derrière lequel s'ouvre un autre espace. Peu à peu on s'affranchit d'une limite, d'une résistance (certains diraient un blocage, mais le mot est trop "limitant" justement, car tout peut s'ouvrir;)), et on s'ouvre davantage à soi et au monde. On passe dans un autre espace, comme l’on passe la frontière de la France (et sa limite, dont le barrage de douane;), pour aller en Suisse... Jusqu’à devenir citoyen du monde.

Comment faire? Souvent il faut lâcher-prise, accepter de perdre le contrôle (ce qu'on a trop tendance à ne voir qu'en négatif dans nos sociétés très normées), accepter également de cesser de se juger (le bien et le mal devraient être fondés sur une éthique forte et personnelle, en accord avec nous -même, pas sur les attentes de la société).

Revenons dans du concret. Le quatrième jour, j'étais engluée dans mes résistances. Je ne parvenais plus "bien" (j’avais fini par trop regarder mon nombril, et me jugeais, j'avais perdu de vue l'essentiel qui est d'avancer pas par pas;)) à suivre les exercices, ma concentration était irrégulière, ma volonté vacillante.

Au milieu d'un nidra de 2h30, je suis sortie car j'avais l'impression que je n'allais pas pouvoir me retenir d'uriner (j'avais un souci physique aussi, mais qui se surajoutait à mes résistances, j’en avais conscience). Quand on sort de la salle, on est censé attendre la fin de l'exercice pour entrer à nouveau. J’ai hésité, je pouvais attendre tranquillement la fin en ne faisant rien, personne ne le saurait. J’ai décidé de m’asseoir derrière la porte, sur le sol en pierre froid, en contre-bas de la salle, j’entendais à peine la voix de l’enseignant en tendant l’oreille. Je me suis sentie démunie, et coupée des autres. Comme une « pauvresse », dirait une amie chère ;). Et là, au bout d’un moment, j’ai lâché-prise, j’ai laissé tomber l’égo, car j’étais seule, dépouillée de tout statut, invisible. Il n’y avait plus que moi, moi et ma volonté, avec cette sensation flagrante que je n’étais rien sans les autres, puis que j’étais à la fois tout, partie d’un tout.

Ce que je veux dire n’a rien d’ésotérique, c’est simplement s’apercevoir que nous sommes tous connectés, que nous avons parfois envie d’être seul, mais se rappeler que nous ne pourrions pas vivre seul (qui cultiverait ce que je mange, ce que je bois, fabriquerait mes vêtements, mon électricité etc ? Et in fine, qui peut vivre vraiment seul, sans un regard, sans un mot ?). C’était une leçon d’humilité et de lâcher-prise. Une perte de contrôle positive. Laisser tomber les barrières, les masques, être juste là, heureux d’être là, de faire partie d’un tout. Sans se demander si c’est bien, ou si c’est mal de réussir un exercice, car au fond cela n’a pas d’importance ; ce que nous voulons vraiment, c’est nous changer profondément, ou plutôt nous trouver profondément. J’ai eu cette expérience qu’on appelle expansion de conscience, qui n’est pas une expérience ésotérique destinée à une élite, mais qui n’est autre que de franchir des barrières psychologiques. J’étais heureuse, assise sur le sol froid, en contre-bas, derrière la porte. Tout cela n’avait plus d’importance, et, lorsque je suis à nouveau rentrée dans la salle, j’avais un sourire rayonnant accolé aux lèvres.

J’espère que mon expérience vous permettra de réfléchir à vos propres expériences;). N’hésitez pas à les partager, nous rencontrons tous des résistances.

Cendrine Escallier

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