"Mais souviens-toi aussi que chacun ne vit que le moment présent, et que ce moment ne dure qu'un instant ; le reste, il a déjà été vécu, ou il est dans l'incertain."
Marc Aurèle, Pensées, III, 10, 1.
Que puis-je contrôler ? Qu'est-ce qui dépend de moi, et qu'est-ce qui n'en dépend pas ? Sur quoi lâcher-prise ?
Le présent est le seul moment où je peux agir, décider, et être libre de créer ma vie telle que je la veux. Le passé et le futur sont les lieux de mes ruminations, et de mes projections, de mes plaisirs et de mes peines, imaginaires ou reconstruits. Quand ils sont négatifs, mon esprit s'y embourbe. Quand ils sont positifs, c'est un plaisir à savourer, pour me donner la force d'avancer ici et maintenant.
"Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le sculpteur d'une statue qui doit devenir belle : il enlève ceci, il gratte cela, il rend tel endroit lisse, il nettoie tel autre, jusqu'à ce qu'il fasse apparaître le beau visage dans la statue. De la même manière, toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique, purifiant tout ce qui est ténébreux pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la clarté divine de la vertu".
Plotin, Ennéades I, 6 (1), 9, 7 et suiv.
L'objectif de la connaissance de soi n'est pas de changer, mais d'être en accord avec soi, de revenir vers soi. Il s'agit de choisir qui on veut être, et d'agir de manière à le devenir.
"Les insensés vivent dans l'attente des biens futurs. Sachant qu'ils sont incertains, ils sont consumés d'anxiété et de crainte".
Sénèque, Lettres, 15, 9.
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La joie et le bonheur ne peuvent se trouver que dans l'instant présent. Les reporter toujours à demain, c'est faire le pari risqué de longs efforts, aussi pénibles qu'incertains. C'est le contraire du lâcher-prise : s'accrocher à ce que nous ne pouvons contrôler.
"On ne naît qu'une fois, deux fois, cela n'est pas permis. [...] Mais, toi, qui n'est pas maître du lendemain, tu remets encore à demain la joie".
Sentence épicurienne.
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La joie, le plaisir, se trouvent dans le moment présent, et uniquement dans le moment présent ; c'est là que nous pouvons apprécier la gratitude d'être en vie. Remettre toujours à demain, c'est laisser passer la vie, sans la vivre.
"Le matin, aussitôt levé, demande-toi : "Que me reste-t-il à faire pour acquérir l'impassibilité et l'absence de trouble ? Qui suis-je ? Un corps ? Une fortune ? Une réputation ? Rien de tout cela. Mais quoi ? Je suis un être raisonnable ?". Alors qu'exige-t-on d'un tel être ? Repasse en esprit tes actions : "Qu'ai-je négligé de ce qui conduit au bonheur ? Qu'ai-je fait de contraire à l'amitié, aux obligations de société, aux qualités du coeur ? Quel devoir ai-je omis en ces matières ?"
Epictète, Entretiens, IV, 6, 34.
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La prise de conscience de l'état dans lequel nous nous trouvons, est toujours le point de départ de notre processus de transformation.
Epictète recommandait cet exercice tous les matins, pour apprendre de nos faiblesses, se rappeler nos progrès, et se fixer les principes qui doivent guider nos actions, en accord avec ce que nous voulons être.